mardi 19 juillet 2011

NOTICE DE LA STATION

Pour ne plus faire qu’un avec votre bicyclette, toujours la maintenir tirée vers vous, quand bien même les vents se cognent à votre corps tout entier et que vous frisez le passage en avant. La bicyclette ne vous appartient pas en vérité, vous lui appartenez qui que vous soyez, au risque de vous emballer ou pis de dévaler.

Si ce dernier cas vient à se présenter, que des chemins sinueux et incertains remplacent vos sillons oniriques et divins, relâcher d’un seul coup le guidon et serrer les fesses et l’entre-jambes. La selle ne s’en verra que plus honorée, suprême assise d’une existence apprivoisée, la selle s’en verra glorifiée, pour vous retenir d’une chute qui ne serait pour le coup pas loupée.

Et quand je dis serrer, il s’agit de le faire consciencieusement, sans aucune fuite, ni vers l’avant ni vers l’arrière, fidèlement au point d’inertie du moment.

Le mouvement, c’est celui de la bicyclette, de son équilibre de définition face à la fantaisie de l’action. Ne plus tenir le guidon n’est pas arrêter la locomotion, alors autant resserrer les fesses pour s’assurer une place déjà faite.

Il s’agira de renouveler l’opération tout au cours de vos périples comme inactions. Rester sur place quand on n’en a pas n’est pas toujours des plus aisés, une selle adaptée à vos fessiers saura peut-être vous aider. Rester sur place en acceptant de se laisser conduire par son engin pour enfin changer le mouvement des reins en inclinaison face au destin. Et après, rien. Même en cas de victoire sur un peloton, il faudra bien se faire une raison.

Dans la vie, selle et guidon ne sont là que pour assurer la station, l’assise dépendra bien plus de votre position. Une bicyclette comme une amourette peut vous faire perdre la raison, vos fesses sauront toujours vous indiquer la direction, celle vous recadrant à votre juste station, station sur place pour commencer sa mission.

Bien ancrée, la station, se nourrissant simplement des plus belles émotions, des petits rien comme des grandes échappées, et vive alors la bicyclette pleinement incarnée.

Virginie SIMARD
19/07/2011